Ce qui fait la différence, c’est l’envie. C’est le message qu’Atome, artiste graffiti lillois, souhaite transmettre. A bon entendeur…
Qui est Atome ?
J’ai démarré le graffiti en 1993. J’ai découvert ça un peu par hasard, c’est un pote du collège qui m’y a initié, j’étais peut être en 4ème ou en 5ème, et il m’a montré quelques graff sur papier, j’ai accroché, et j’ai démarré comme ça, Atome en 93.
Qu’est-ce qui te passionne dans le monde du graff ?
Tout ce qui est création, les couleurs, les volumes, travailler avec une bande et de faire des trucs super quoi.
Il y a-t-il des acteurs dans cette discipline qui t’ont motivé, inspiré à tes débuts jusqu’à maintenant?
Au début, il y avait les anciens , comme Mode2(surtout),Bando, Colt, ensuite il y a eu les arrivées de la 3D fin 90, début 2000, avec les principaux acteurs : les Allemands Neck,Seak.., le Hollandais Delta, voila mes principales sources d’inspirations.
Quelles différences vois-tu entre l’état d’esprit du HipHop de l’époque et celle d’aujourd’hui ?
Aujourd’hui le graffiti s’est super démocratisé, alors qu’à l’époque c’était vraiment underground. Avant le mec, qui graffait, venait de la rue. Même si à la base, il y a eu beaucoup d’enfants de riches qui peignaient, c’était plutôt une image de banlieusard. Alors qu’aujourd’hui tout le monde peint, il y a même des écoles pour ça.
Aujourd’hui on retrouve le graffiti partout dans la publicité, dans le multimédia. Maintenant n’importe qui peint, que ce soit le rockeur, le rappeur, le punk, et encore je crois que les rappeurs ne peignent plus aujourd’hui, avant c’était associé à la culture HipHop et c’est parti tout seul en solo.
Pour que l’art du graffiti se développe aujourd’hui, est-ce qu’il faudrait plus de structures ?
Oui. On s’est monté en association, ABAZEDATOME, et on a pas mal cartonné dans la région Lilloise, et dans le Nord Pas de Calais. Aujourd’hui, il y a pas mal de personnes qui cartonnent mais qui ne sont pas connus car ils ne connaissent pas un tel qui tient ce magazine pour qu’il diffuse leurs photos. Malheureusement aujourd’hui ça marche comme ça. Heureusement, il y a internet où on développe nos propre blogs, mais je dirais qu’avoir une structure, ça aide beaucoup.
Par exemple nous, nous avons commencé le graffiti en 93. Nous allions démarcher les commerçants pour obtenir des murs. Depuis que nous sommes montés en association en début 2000, on cartonne bien. On a fait pas mal de murs pour les collectivités locales, pour les centres de détention, on a fait 3 étés à la maison d’arrêt de Douai. On a aussi travaillé pour le concessionnaire Mercedes à Valenciennes, et beaucoup pour les boîtes de Communication.
Récemment, j’ai bossé pour une boîte de revêtement de sol qui fêtait ses 10 ans. Il y avait un showroom avec pas mal d’architectes d’intérieur, j’ai fait un show en live, ils étaient super ravis, et ils ne m’auraient pas connu si je ne m’étais pas monté en structure.
Est-ce que vous rencontrez encore des obstacles ?
Oui, mais nous, nous avons quand même un gros bagage derrière nous, nous sommes connus dans la métropole Lilloise par le boulot que nous avons fait. Mais aujourd’hui par exemple, on organise un festival graffiti depuis 2003, on avait démarré dans le quartier de Wazemmes et en 2004 on était sur Lille sud, c’est un mur d’une société de métallurgie. Je les ai démarché, je leur ai dit qu’on était une association, qu’on voulait monter un projet, votre mur nous plaît : un mur de 500m de long sur 6m de Haut, et ils m’ont dit non hors de question et m’ont carrément raccroché au nez. Puis le lendemain matin, j’ai pris mon book et je me suis présenté. Et on me dit qu’ils avaient déjà dit non, je leur ai dit que je n’allais pas leur faire perdre leur temps, je dépose juste mon book et je viendrai le récupérer. 5 minutes après, je reçois un appel sur le portable, on me dit que le responsable est séduit, du coup, on a fait le truc.
Est-ce évident de transmettre sa passion en sachant que c’est une discipline très marginale ?
C’est difficile de la transmettre notamment aux jeunes de quartier, ils ne comprennent pas que le graffiti c’est un état d’esprit, une recherche de soi, c’est beaucoup de boulot. Par exemple, tracer un trait droit avec une bombe, c’est dur de faire comprendre ça à un gamin, lui qui a une image vandale du graff, et pour moi c’est pas ça en tout cas le graff.
Est-ce que tu retrouves les valeurs du HipHop dans tes autres activités ?
Oui dans tout, le lien c’est le travail. Moi, j’ai démarré le graff et je ne savais pas dessiner. Je me suis mis à fond dedans, et aujourd’hui je peux dessiner une abeille, une maison, un ciel, je sais faire des perspectives, mélanger des couleurs. Je pratique la boxe thaï et c’est pareil. Quand j’ai démarré, je n’étais pas bagarreur du tout, j’ai démarré aussi vers les années 93. C’était la période d’adolescence où je devais faire quelque chose pour m’affirmer. J’avais envie de réussir, le 1er combat, je me suis pris une tôle pas possible, je suis retourné à l’entraînement en m’entraînant deux fois plus. Quand j’ai fait mon premier mur, c’était à chier, et je me suis vachement entrainer sur papier.
Comment tu arrives à gérer ces deux univers, le HipHop et le sport de combat?
Ils se rapprochent mais c’est plus un état d’esprit, j’en ai envie. L’être humain s’adapte vite, ce qu’il faut c’est avoir envie et être motivé, on peut réussir à faire ce qu’on veut si on a envie et si on est motivé. Que ce soit la boxe, la danse, ou l’école, du moment qu’on a envie, et qu’on est motivé, on y arrive.
Un petit retour sur ton parcours en boxe thai… ?
Comme je disais tout à l’heure j’ai commencé la Boxe thai en 93,mon premier combat je l’ai fait en 94 à l’àge de 16 ans,je me suis une tolé,je suis revenu en force,gravis les marches de la compétition ,j’ai été Champion régional en 94-95.en 96 j’ai discuté mon premier championnat de France classe A qui correspond au haut niveau sachant qu’il n’y a pas de statut professionnel en Boxe Thai,J’ai été Champion de France ,j’ai décroché la ceinture à Paris donc c’est un titre que j’ai garder de 1996 à 2000,je suis resté invaincu.Donc aprés j’ai abondonné le titre puis j’ai boxé à l’internationale donc au Maroc,Pays Bas,Belgique,France,Thailande ou j’ai bougé de 2000 à 2003…J’ai jamais été retenu en sélection française pour x raisons parce-que voilà c’est pareil que dans le graff,c’est beaucoup d’affinités arrivé un moment,puis j’ai eu la chance d’avoir été repéré par un selectionneur marocain,il m’a invité à boxer à Oujda,il m’a dit si ça se passe bien ,on te prend en équipe de France donc je suis parti là-bas, je me suis défoncé résultat des courses j’ai gagné k.o. au 2ème round ,j’ai été sélectionné pour participer au championnat du monde à Bangkok .là j’ai été en final du championnat du monde et j’ai perdu contre un russe trés trés fort ,j’ai fini médaille d’argent….ensuite la vie a évolué entre temps je sme suis marié ,eu des enfants puis j’ai arrété la compétition et j’ai repris la club,le panthère Club de Lille qui existe depuis déjà un certain nombre d’années,j’ai repris la présidence …voilà je suis président du club et également entraineur( une centaine de licenciés),ici on est au sein de la maison de quartier ou je développe un atelier d’initiation à la boxe thai afin de pouvoir mener les jeunes vers le moèt thai et vers la compétition..c’est comme le graffiti ,c’est énormément de travail,beaucoup de conditions physiques et de techniques à maitriser…ne devient pas champion qui veut…d’ailleurs par le biais du sport j’ai découvert la Thailande depuis 98 j’y vais ,je m’entraine dans les camps.d’entrainement ,tu dors,tu manges,tu vis moet thai….d’ailleurs j’ai découvert aussi là bas des graffeurs.,un truc de fou là bas ils sont bonne esprit hiphop,trés positif dans les jams de graff on est bien acceuilli,c’est peace,ils sont encore aux balbutiements….donc chaque année j’y retourne pour avec 3-4 jeunes pour la boxe et aussi le grafftiti….
Qu’est-ce que cela t’apporte au quotidien ?
Un équilibre. Je suis quelqu’un d’assez calme et serein, à la boxe thaï je me défonce physiquement, et au graff je me défonce psychologiquement sur le mur, aujourd’hui on vit tous dans un monde qui nous stresse, et le soir je vais à la salle je me défonce, ou je me fais un mur.
J’ai assisté à tes expositions, avant elles étaient plus basées sur le HipHop et aujourd’hui elles sont plus abstraites ?
C’est que le monde a évolué et nous aussi, on a la 3ème dimension, avec le monde futuriste, on travaille plus le relief et les effets.
Comment tu définirais ton style en graff ?
Je fais du graff sur toile, mais ça ne reste qu’un extrait du graff, le vrai graff c’est sur le mur. Mais la toile permet de porter un autre regard sur notre art pour les gens qui ne connaissent pas le graff. Tout le monde vient voir une expo, mais tout le monde ne vient pas voir un mur, même s’il est à la vue de tous, personne ne vient sur un terrain vague.
Le mot de la fin ?
Rester motivé, et se dépasser à chaque fois.