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Aziz & Brams

Aziz & Brams

« Le Lock a son style vestimentaire, il faut se déguiser en clown, donc il y a des réticences ». Discussion autour du Juste Debout avec Aziz et Brams.

Pouvez-vous vous présenter ?

Brams : Je suis Brams, Brahim, je suis danseur et j’habite à Lille.

Aziz : Je suis Aziz, je suis danseur à Bully les mines, près de Lens. Je fais parti de la troupe Amalgame et cela fait 10 ans que je fais de la danse HipHop.

B :-Nous ne dansons pas dans la même troupe, mais lors des battles notamment ceux pour Juste Debout et les autres, nous dansons ensemble.

A :-Nous avions participé l’année dernière à la compétition Juste Debout où l’on avait gagné ici à Lille. Nous nous sommes faits éliminer aux éliminatoires à Paris. Cette année, on espère réussir, surtout pour représenter le Nord dans les battles par rapport aux autres danseurs qui viennent de Paris et d’ailleurs.

 

Quels sont vos parcours ?

B : J’ai 35 ans et je danse depuis 1984, donc depuis l’émission de Sydney. Le HipHop dans la région s’est arrêté en 1986 et a repris entre 1987 et 1988. Moi j’ai repris la danse professionnellement en 1990, jusqu’à aujourd’hui. J’ai bossé avec des compagnies comme celle de  Farid Berki, Melting Spot, ou encore Kafig de Lyon, la compagnie d’AcroRap avec laquelle je travaille toujours aujourd’hui, la compagnie de Franck II Louise avec laquelle je travaille en ce moment. Ca fait plus de 17 ans que je vis de tout cela. Nous avons encore d’autres projets en cours.

 

Au niveau de la compétition est-ce que le public est réceptif ?

A : Comme le disait Bruce, l’organisateur du Juste Debout, ce qu’il faut c’est un échange. Et les gens ont capté le concept. Ils viennent pour s’amuser, ils viennent de partout et c’est vraiment la seule compétition qui réunit autant de pays et de nationalités différentes. Par exemple à Paris, on va pouvoir croiser des Coréens, etc. et c’est super intéressant de confronter les danses.

B : Avant tout, c’est le kif de la danse, en plus, nous faisons du Lock qui est une danse assez funky, donc c’est du positif.

 

A l’heure actuelle le Lock est devenu plus intéressant, il y a plus de musicalité, comparé au break qui vire à la gymnastique, qu’en pensez-vous ?

B : Je fais parti du groupe Subway, je pratique aussi les battles en break. A la base, je fais du Lock, Break et du Pop. Je fais toujours du break parce que j’ai commencé avec ça mais maintenant je me sens mieux en Lock. Avec mon groupe, il y a 2 ans nous avons participé, à Montpellier, aux BOTY (Battle Of The Year) et nous sommes arrivés troisième. C’était une première pour nous, mais quand tu regardes bien le break par rapport aux évènements de Juste Debout, ce n’est pas le même état d’esprit. Le Juste Debout, c’est Peace, et comme le dit Bruce, on est là pour s’amuser et pas pour se rentrer dans le lard.

A :-L’esprit du Lock est festif, c’est de l’échange. Don Camble, celui qui a créé le Lock, s’inspirait des cartoons. C’est rare de voir un locker avec une expression du visage dure, ce n’est pas le concept. Au début, quand il a commencé, il pratiquait le Lock dans les boîtes, on se moquait de  lui. Donc le fait que des petits en rient encore aujourd’hui, lors de prestations comme celle du Ckicken, c’est ça bien, c’est l’esprit du Lock.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé là dedans, quel a été le déclic pour chacun de vous ?

B : C’est  P.Lock. C’est une forte personnalité en France pour le Lock. Quand tu le vois dans les Juste Debout précédents, tu as envie de faire pareil. Il y a eu aussi des américains qui sont venus à Roubaix en 1996, ils me faisaient penser à Ozone (Shabba-Doo). Quand tu vois leur performance, tu as envie de faire comme eux. Avec notre équipe formée et bien compatible, on peut y arriver.

 

Il y a-t-il un potentiel à exploiter dans votre domaine notamment dans la région ?

A : Bien sûr, que ce soit en Lock ou ailleurs, le Nord a un fort potentiel et peut gagner le Juste Debout. D’ailleurs, l’année dernière, en Pop, en finale, c’était un groupe du Nord avec Pépito et Didawi. Ce qu’il y a, c’est que les codes, les infos arrivent d’abord à Paris, donc les styles, les noms des steps, les techniques arrivent seulement après dans le Nord. D’ailleurs, le New Style est arrivé il y a pas très longtemps. Avant lorsque que l’on voyait des danseurs de New Style danser ici, on se demandait ce qu’ils faisaient. Maintenant que le potentiel commence à monter, les gens captent les infos, travaillent plus et font des choses intéressantes.

B : Ce qui est bien, c’est l’organisation. Le fait que Romuald ait pu organiser le Juste Debout à Lille montre cela. Donc ça nous motive à travailler encore plus, il y a certains groupes qui ont émergé grâce au Juste Debout. Et la personne qui me motive aussi  est Hiro, Il a 50 ans et il est toujours là. Moi, j’ai 35 ans et je suis un  old school et j’espère être encore là à 50 ans.

 

Est-ce que la transmission de génération à génération est toujours la même ou y a t il un décalage ?

A : Depuis que le New Style est arrivé, la donne a changé, il y a beaucoup moins de lockers qu’auparavant. C’est la mode des clips, les danseurs ont des casquettes, c’est très paillettes. En plus, il n’y a pas beaucoup de base en New Style, c’est plutôt du freestyle. Et en battle généralement, c’est que du ressenti donc, c’est une solution de facilité. Le Lock a son style vestimentaire, il faut se déguiser en clown, donc il y a des réticences. En plus, il y a beaucoup de bases, donc tu ne peux pas tricher. C’est la même chose en pop. Le problème, en New Style, c’est que même avec des bases de 2 mois, et avec quelques notions de  mouvements les gens ont tendance à se considérer comme new styler, et c’est une solution de facilité.

 

Est-ce que le fait que le HipHop soit dans les institutions a des avantages ou à l’inverse des inconvénients ?

A : Le HipHop vient de la rue. Il n’a pas été créé par les institutions. A la base, les institutions repoussaient la chose en pensant que c’était quelque chose de mineur et vu que maintenant cela a pris de l’ampleur, ils ne peuvent pas faire autrement que de l’accepter. J’ai peur que l’institution s’empare du mouvement et l’encadre à sa façon, c’est bien qu’il y ait des écoles, mais j’ai peur que la notion de liberté dans le HipHop se perde. Après, il y a des points positifs, il y a des jeunes qui n’ont pas les capacités pour donner des cours de danse mais qui le font avec des plus petits qu’eux. C’est devenu un gros phénomène de mode dans lequel il y a de l’argent en jeu.

 

A quoi reconnaissez-vous un bon danseur ?

A et B : Le bon danseur est celui qui échange avec le public, il transmet quelque chose. Ce qui se passe dans les battles, c’est que le public se range derrière le gagnant puisque forcément c’est lui qui a gagné, donc c’est le meilleur. Mais il faut aussi que le public ait un esprit critique. La décision du jury n’est qu’humaine, ce n’est que l’avis de quelques hommes. Alors que le public peut aussi avoir son avis. Parce que souvent, celui qui a perdu n’a pas marqué les esprits alors le gagnant a échangé quelque chose et le public repart content.

 

Faites un top 3 des mots suivants afin de nous donner une définition de votre style en duo : originalité, performance, esthétique, technique, compétition

B : C’est un mélange de tout, on ramène aussi bien la technique que l’esthétique, de l’originalité, de l’énergie aussi. On fait du Lock mais aussi des acrobaties.

A : Je mettrais en premier la technique, l’énergie, puis l’originalité.

 

Le mot de la fin ?

B : On espère faire monter le Nord et le représenter à Paris prochainement

A : Peace, love, & unity. Je fais une grosse dédicace aux danseurs du Nord, on va se donner pour les représenter là-bas, et j’ai envie de dire aux danseurs du Nord d’y aller et qu’il ne faut pas hésiter.

B : Même en cas de défaite, ils resteront gagnants.

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