Qu’est-ce qu’Inner Quest ?
Inner Quest est une association de « loi 1901 » qui se charge de distribuer des autoproductions sur la région Nord Pas de Calais. Notre but est d’aider les groupes à distribuer leurs CDs via des magasins et autres partenaires avec qui nous travaillons. Nous proposons aussi un service de création de code barre. Nous sommes éditeurs aussi pour 2 groupes Nocturnal Fears et Social Plague. L’association existe depuis septembre 1999!
Pouvez-vous nous expliquer ce que vous entendez par la distribution et l’édition ?
La distribution est la mise en vente des CDs chez nos partenaires et sur notre site. L’édition est le financement d’enregistrements.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette aventure et cette démarche ?
Déjà pour nous en tant que groupe, afin d’avoir une vitrine légale et nous permettre d’être distribué via des réseaux de magasins .Cela facilite la démarche lorsque les magasins ont face à eux une structure légale. Nous avons organisé quelques concerts aussi mais nous nous sommes spécialisés au fur et à mesure dans la distribution d’autoproductions en nous prenant au jeu.
Vous travaillez essentiellement avec les Furet du Nord de la région. Pensez-vous élargir votre réseau de distribution à l’avenir ?
Peut-être. Nous verrons avec le temps! Il faut voir aussi ce que cela implique au niveau personnel (vie privée et professionnelle, l’association ne permettant pas d’en être salariés). Le travail avec d’autres magasins ? Peut-être bien aussi, si un jour comme le Furet du Nord, les autres réseaux refusent de prendre des autoproductions…
Comment gérez-vous cela (votre boulot dans la distribution), quelles sont les difficultés et les obstacles rencontrés au quotidien ?
On se partage les rôles en jonglant avec nos activités respectives. Les obstacles? avoir rendez vous avec quelqu’un qui ne vient pas, aussi bien pour un premier contact que pour un réapprovisionnement. On ne demande qu’à être prévenu un peu à l’avance…ou même un peu après.
Jean-noël se charge de tout ce qui est « net » et de la moitié (voire plus!) des rendez-vous avec les groupes pour les signatures, les approvisionnement de CDs. Moi-même (Anton) je suis en contact avec les magasins « Furet » (présentation des CD, prise de commandes, livraisons au siège) et l’atelier Hybrid’music, notre partenaire qui gère la distribution sur le réseau des médiathèques. Je m’occupe également de la comptabilité et de la gestion des stocks.
Quel est votre point de vue sur le marché du disque ? Il y a-t-il de la place pour l’autoproduction en général ou les majors étouffent tout avec leurs produits formatés notamment ?
Vaste question… Les ventes de disques sont en chute libre mais quand on voit le prix de ventes de certains CDs (y compris les compilations ne rapportant rien aux groupes) cela ne m’étonne pas. L’autoproduction oui ! Mais là aussi il y a de tout, à tout les prix. Certains groupes mériteraient d’être signés, cela se ressent niveau vente… Le problème de la musique est qu’elle est un loisir, non une nécessite vitale. Les gens achètent lorsque leur budget le permet, une fois l’essentiel acheté.
Dans le Nord Pas de Calais, les artistes souffrent-ils d’un manque de visibilité certain ou il commence à avoir une place assez grande pour ces derniers à l’heure actuelle ?
Je trouve que par rapport à une époque, l’exposition est plus facile à faire. Lorsque nous avons sorti une démo k7 à l’époque, il fallait tout organiser, mise en place magasin par magasin, contacter les radios par téléphone, etc… Là, la technologie nous permet de toucher beaucoup plus de personnes en un minimum de temps. D’un autre coté, beaucoup de groupes sont plus visibles, la concurrence reste rude parfois, y compris dans un même style. Ce qui est stupide, on est tous dans la même galère: qu’on soit métalleux, rappeur, chanteur « français » ou dans la pop etc… Nous sommes des passionnés qui se démènent comme ils peuvent!
La professionnalisation dans le monde de la musique se développe t-elle à un rythme correct ou sommes-nous loin à la traîne d’après vous ?
Je pense que cela se développe bien, même si sur le net il y beaucoup de groupes qui émergent. Combien seront encore en activité dans dix ans? Avec notre groupe, nous n’avons jamais brûlé d’étape au final on est là depuis presque 17 ans (certes pas sous la même forme) mais nous y sommes encore … et on ne va pas arrêter en si bon chemin. On peut parler de professionnalisation de notre démarche uniquement car musicien n’est malheureusement pas notre profession, ce n’est pas ce qui nous fait vivre.
Il y a-t-il tout de même des avantages d’être situé dans le Nord lorsqu’on est artiste ou doit-on continuer à envier la situation géographique des artistes parisiens par exemple ?
Je ne crois pas justement que le coté « il faut être à Paris » soit encore valable à 100 % à l’heure d’internet. Beaucoup de chose viennent du Net, là tu peux te faire connaître partout. Après on est quand même obligés à un moment ou à un autre de voir physiquement les personnes. Quant à notre situation géographique, il est vrai que cela peut-être intéressant: il y a la Belgique bien sûr, mais on est aussi à 2h de voiture de Paris, de la Hollande, de l’Angleterre.
Pour qu’un disque autoproduit et indépendant se vende, existe t-il une recette ?
Je dirais : être sincère dans ce qu’on fait. Faire de la musique tel qu’on la ressent qu’importent les modes. Elles varient tout le temps, quitte à être critiqué autant se faire plaisir! Si le public suit cela sera super, sinon le CD aura été fait quand même… Beaucoup de groupes changent de style pour suivre certaines modes… Au final, pas mal splittent à cause de cela.. Il faut rester musicien et businessman (il y a des réalités socio-économiques auxquelles on ne peut pas échapper) mais pas devenir businessman et musicien 😉 .
Visitez le site web d’Inner Quest: http://innerquest.asso.fr