CHAM est un rappeur membre du label 12 Monkeys records depuis le lancement du label en Janvier 2018. Rapper depuis 1998, Cham est aussi beatmaker depuis 2004. La Voix du HipHop s’est entretenu avec lui à l’occasion de la sortie de son premier projet solo, un EP, « Posture & Dress-Code ».
La première fois que j’ai entendu parler de Cham, c’est sur le titre « Inception » avec Ron Brice sorti en février 2018. Plus d’un an après, c’est la sortie de ton ep, « Posture et Dress Code ». Que s’est-il passé entre – temps?
Beaucoup de choses se sont passées pour moi. Le titre MY GOD produit par Ouz’one est sorti quelques semaines après INCEPTION. Puis fin 2018, j’ai fait une apparition sur le projet BLACKLIST de Ron Brice premier projet sortie sur le label 12 Monkeys sur le titre 50/50. Pour après enchaîner sur la #12tape, sortie au mois de mai 2019 où j’ai participé à plusieurs titres.
Combien de temps pour la réalisation de Posture et Dress-Code, de l’écriture à l’enregistrement jusqu’au mixage final?
En fait, j’étais déjà dans la réflexion de Posture et Dress code en 2018 après My GOD. Parce que j’étais à la recherche d’une ambiance et d’une atmosphère pour ce projet. Donc le choix des instrus m’a pris un peu de temps, je ne voulais rien laisser au hasard.
Estimes-tu avoir sorti ce EP dans de bonnes conditions?
Oui, totalement. tous s’est fait au moment où je le voulais et quand je le voulais grâce au label. Que ce soit pour les instrus, les feats, la cover et les clips, pour un premier projet on peut dire que les conditions étaient plus que là.
Est-ce que tu t’es donné une ligne directrice pour ce projet?
Oui, clairement. J’avais le titre du projet avant les morceaux et j’avais une idée bien définie de ce que je voulais, que ce soit sur l’atmosphère des prods et ma manière de rapper dessus. Je voyais « Posture et Dresscode » comme un film, comme Casino dont je me suis beaucoup inspiré.
Dès le premier titre, on est plongé plus ou moins dans l’univers de « Posture et Dress-Code » : des ambiances sombres et spacieuses, avec toujours ce spectre du mal qui plane sur toutes les productions, le sample est à l’honneur, et les échantillons puisés dans la Soul et le jazz aussi, des bpm lents, entre boombap et drum kit. Au final l’ambiance est cinématographique, façon films de gangster à la Martin Scorsese, un style de rap laid back, technique et très flow, des punchlines qui ne laissent pas l’auditeur indifférent.Quelle couleur donnerais-tu à ton disque et pourquoi?
On parlait de Scorcese et de Casino et bien ce sont les influences de ce projet. c’est l’univers que je voulais donner, chaque titre est quelque part inspiré par ce film, qui est un de mes films préférés, que ce soit des ambiances flashy des casinos jusqu’aux rues sombres et bien j’ai vraiment essayer de tout mettre dedans.
Lyricalement, on est dans univers très imagé et très cinématographique, un décor, un art de la narration, un style de rap soigné, « Classe même dans la boucherie » entre introspection, description d’un monde dur, storytelling, histoire de trafic, quête du meilleur. Justement à quel niveau estimes-tu avoir le plus progressé depuis tes premiers tracks ?
Sans doute le storytelling, parce que c’est vraiment quelque chose que je ne faisais pas avant ou alors très peu mais ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. Et c’était vraiment un travail, non pas d’écriture, mais de prise de conscience ,« avoir ce déclic ». Mais aujourd’hui c’est le style où je me sens le plus à l’aise et le EP a servi à ça.
Quelle est l’ambition de ce projet ?
Mettre un projet de qualité supérieure sur la table et le faire entendre au plus grand nombre, en fait c’est l’ambition de chaque projet au sein du label.
À « Cham », tu as tendance à rajouter Rappeur. Selon toi, y-a-t-il une différence entre le terme de Rappeur et celui de MC ? si oui laquelle ?
Non, je ne dis pas ça pour montrer une différence mais surtout pour rappeler aux gens ce que l’on fait, l’art que l’on pratique. En France il y a du rap partout mais on voit bien que ce mot « rapper » n’a pas d’importance dans le milieu. Le dire me permet d’essayer de remettre ce mot à sa place.
Peux-tu nous donner un top 5 de MCs qui t’ont le plus marqué ces 5 dernières années ?
Rick ross, kendrick lamar, Westside Gunn, Dave East, Jadakiss, désolé pour le rap français…
Sur ce EP, on peut retrouver Double Zulu sur « LCDA », Ron Brice sur « Légal ? » puis Freez sur « La Rue n’est pas »… Comment s’est opéré le choix des invités sur ce EP ? Et qu’est-ce qu’ils apportent à ce disque ?
Très simplement pour Ron Brice, c’était une évidence. On fait des morceaux ensemble depuis longtemps et quand on les fait ensemble, on les fait bien. Et on fait partie de la même aventure 12 Monkeys. Pour Double zulu, c’est son projet Delta Bravo Zulu qui m’a décidé. Car je cherchais quelqu’un avec cette énergie et cette fraîcheur et la prod de Stanza qui est un des beatmakers du label permettait cela. Pour Freez, c’était par rapport à la thématique du morceau. Je voulais avoir quelqu’un qui pouvait comprendre ce que je voulais exprimer dans ce morceau, que la rue n’est pas une barrière et il a aisément capté le message. Je leur dis un grand merci à tous les trois.
Pour le moment en terme de clips extrait de « Posture et Dress-Code » et qui mettent en image ta musique, il y a « Passeports et Visas », « La Rue N’Est Pas », et « LCDA « . Quelle importance accordes-tu à l’image dans ta musique et est-ce que cela a changé ta manière travailler ?
Oui, ça a changé quelque peu les choses dans la création. Il m’arrivait d’imaginer un morceau dans son aspect visuel et en même temps l’écrire. C’était inédit pour moi. Mais les idées de visuels pour le projet sont essentiellement venues de @gee_mv et de Emerence qui ont fait un travail formidable.
Toujours pour rester dans l’image, il y a aussi la pochette du disque : le choix du visuel, qu’est-ce que cela représente ?
Je suis très fan des artworks rap en ce moment et surtout venant du label GRISELDA RECORDS (Westside Gunn, Conway et Benny). Et pour le EP on voulait vraiment se donner les moyens d’avoir une cover que les gens retiendraient dès le premier regard. Donc Oncle Franc qui dirige le 12monkeys a fait appel au designer des dernières covers de Conway et Benny the Butcher, qui a accepté de travailler avec nous pour cette cover, j’en suis très fier.
Peux-tu nous donner 3 raisons de nous procurer « Posture et Dress Code » ?
Premièrement, c’est du rap d’un autre niveau. Deuxièmement, des instrus d’un autre niveau. Et troisièmement, c’est un rapper qui l’a fait.