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Keith Murray : « Oui, j’ai ma place dans l’industrie du rap aujourd’hui »

Keith Murray : « Oui, j’ai ma place dans l’industrie du rap aujourd’hui »

Un début de carrière prometteur, un style unique, un charisme indéniable, et un passage à vide, avec un passage par la case prison. Près de 20 an s après sa première apparition sur l’album d’Erick sermon en 1993, Keith Murray entend replacer son nom dans la liste des meilleurs artistes d’aujourd’hui. Dans cette interview avec la Voix du HipHop, il explique notamment pourquoi il a encore sa place dans l’industrie du rap.

 

Tu as été emprisonné pendant 3 ans. Est-ce que cela t’a changé en tant qu’homme et en tant qu’artiste ?

Etre enfermé pendant 3 ans, m’a permis de réfléchir sur moi-même. Je n’aurai pas dû faire ce que j’ai fait mais je me suis rendu compte que j’étais entouré de mauvaises personnes. J’ai assumé ma peine, pour toutes les conneries que j’ai faites dans le passé.

J’y ai beaucoup mûri. Beaucoup de jeunes hommes noirs de mon âge se retrouvent en prison et y mûrissent, parce que nous aurions pu finir morts dans la rue… C’est un peu comme si la prison nous avait préservé de ce sort. Dans ce sens, je peux considérer que la prison a été une expérience positive. Mais d’un autre côté, cela m’a un peu désensibilisé dans mon rapport avec le monde, pendant un moment.

 

En toute honnêteté, est-ce que tu penses encore avoir ta place dans l’industrie du rap aujourd’hui?

J’y ai ma place. Il ne faut pas limiter à le HipHop à ce qu’on voit dans les grands médias ou les grandes scènes. Il faut voir le HipHop avec ses différents niveaux. Il y a des artistes qui tournent dans le monde entier, qui jouent dans des énormes salles, mais tu ne les entends pas à la radio, tu ne vois pas leurs vidéos à la télé. Mais ils sont très bons artistiquement et ont un très bon sens du business pour se positionner là où il y a leurs publics. Je suis de ce genre là. Oui, j’ai ma place dans l’industrie du rap aujourd’hui.

Ta première apparition date de 1993 « Hostile » d’Erick sermon. Tu as environ 18 ans de carrière, quelle est la recette de la longévité selon toi ?

Il n’y a pas de formule pour la longévité. Si tu es une star, tu es une star. Tu peux faire des disques, mais es-tu une star ? Est-ce que tu t’es fait tout seul ou est-ce que tu es un représentant de cette culture ? C’est la grande différence et la clé de la longévité. Il se trouve jusqu’il y a des gens qui ont ça en eux.

 

Pour Chuck D, pour être un vrai MC, tu dois maîtriser le CLAMP : Concept, Lyrics, Apparence, Musique &Performance. Qu’est-ce que cela signifie pour toi ?

Le concept : De quoi parles-tu dans ta chanson ? Quand tu l’écoutes à longueur du temps, elle te raconte une histoire.

Les lyrics : l’art de l’écriture, tu écris d’une manière telle que personne n’y aurait pensé

Apparence : Tu montes sur scène, les gens sentent l’énergie que tu dégages. La manière dont tu te présentes, as-tu de l’assurance dans ce que tu fais ? Es-tu vraiment la personne que tu dis que tu es ?

La musique : La qualité de la musique doit résister au test du temps. Ce n’est pas juste faire de beats et poser des lyrics. La musique doit être équalisée, et masterisée. Ce travail doit être fait par des vrais professionnels

La performance : Je suis MC, je contrôle le public, je ne me contente pas de débiter mes lyrics. Je partage des vibes, je transmets mon énergie. Au final, le public, le promoteur, moi-même, tout le monde est content. C’est ça la performance.

As-tu les mêmes influences musicales, ou est-ce que ces dernières ont changé avec le temps ?

Non, j’ai toujours les mêmes influences à la base, je suis un mec des années 80 et 90. Mes influences ont toutefois évolué avec les nouveaux artistes et nouvelles tendances qui émergent. La manière de faire de la bonne musique, la manière de raconter une histoire, la manière de faire de bonnes vidéos : Tout ça m’inspire. Mais je  garde toujours le style qui indique d’où je viens.

 

Tu as sorti un projet avec Canibus, « Undergods » ; Quelle était l’ambition de ce projet ?

C’était un Ep de six titres disponible sur itunes. C’était une belle expérience, parce que lyricalement tous les deux nous sommes des « undergods ». Nous sommes amis depuis 1995 et  nous avons un style similaire. Nous avons fait ce projet pour l’underground, pour tous ceux qui aiment ce style de HipHop.

 

Ton nouvel album « The beauty of it all » est prévu pour le premier trimestre 2011.

C’est un album qui sera très musical, avec des lyrics qui vont faire réfléchir. Il y a un effort sur la narration, avec du bon son, géré par des vrais professionnels. Les beats sont futuristiques, le style  est futuristique, les lyrics sont futuristique. Ce sera le nouveau Keith Murray mais aussi le Keith Murray que vous avez connu et aimé.

Il m’a fallu pour cela tester de nouvelles choses, m’ouvrir à d’autres horizons, faire du networking, regarder devant plutôt que ressasser le passé. Les temps ont changé, je ne pouvais pas faire la même musique que je faisais dans les années 90. Il faut vivre avec son temps.

L’ambition de ce projet est tout simplement de montrer que j’ai toujours ma place dans le HipHop. C’est aussi de montrer que je sais aussi gérer mon propre business. Je veux enfin que cet album soit un classique qui apporte sa contribution à la culture.

Qu’est-ce que la culture HipHop t’apporte personnellement ?

Elle m’apporte la vie, elle donne sens à ma vie, elle me donne un but dans la vie.

 

Comment définirais-tu ton style en 5 mots ?

The most beautifullest thing in the world.

 

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