Lefto s’explique sur l’évolution du HipHop.
Qui êtes-vous ?
LeFtO 1976.Je suis originaire de Bruxelles (Anderlecht), mais je vis à Gand depuis 5 ans.
Que fais-tu?
J’ai travaillé pour le Music Mania (disquaire incontournable de la capitale) pendant 10 ans jusqu’à sa fermeture en décembre 2006. J’organise en collaboration avec Democrazy des concerts rap/soul sur Gand depuis quelques années et fait de petites soirées mensuelles à Gand. Je suis résident dans les soirées « Wonderful » à Bruxelles (www.myspace.com/wonderfuljoint), des soirées qui couvrent la musique black en général : pas de Lil Jon ni de Booba dans nos soirées, plutôt des Erykah Badu, Gang Starr, et autres J Dilla. Depuis 8 ans, je programme l’émission « De Hop » sur Studio Brussel, la plus grosse chaîne de radio en Belgique. Un show dédié à la qualité en rap, soul, funk et jazz. Nous avons eu des invités de marques tel que Slum Village, A-Trak, Xzibit, Jazzy Jeff et beaucoup d’autres. Une fois par an, je m’occupe de la programmation d’une scène au Festival de Dour. Ce stage est un peu ma carte de visite, elle reflète mes goûts en général. Et puis, pour le reste je mixe de gauche à droite, en Belgique comme à l’étranger.
Qu’est-ce que le HipHop pour toi ?
Pour moi, le « HipHop » est tout d’abord une culture, un respect envers l’autre, un respect de l’art et de la culture, une ouverture d’esprit ainsi que du fun. Pour moi, pas de substance à prendre, ni de violence pour être « HipHop ».
Quel regard portes-tu sur l’évolution du HipHop ces 10 dernières années ?
Je crois que le « HipHop » en tant que culture est toujours bien présent. Il y a toujours autant de breakdance, de graffiti et de groupes qui apparaissent. Par contre le « rap » en a pris un coup. Depuis que les grosses boîtes de productions ont découvert le « rap », la qualité se perd et le message aussi.
Quel est ton opinion sur le débat : Le HipHop est-il mort ?
Aujourd’hui, pour la plus grande partie des jeunes, il n’y a pas de différence entre « HipHop » et « r&b ». Tout se mélange et la culture s’évapore. Le « rap » est devenu « pop » et l’argent y est pour beaucoup. La créativité d’un artiste n’est plus tenue en compte et on lui demande de faire comme tout le monde. Je crois que ce qui faisait la force de la culture « HipHop », c’était qu’elle travaillait dans l’ombre. Aujourd’hui elle est exposée aux médias et les médias adorent mettre en avant le côté négatif des choses. Et c’est ce qu’ils font aujourd’hui, en cassant du sucre sur le dos d’artistes « blacks » et montrer du doigt les artistes « rap » comme étant la cause de toute la violence de notre société. Mais qui fait la promotion de ces artistes? Qui a l’argent pour montrer ces artistes au monde extérieure? Ce sont les patrons de labels qui ne connaissent rien au « rap » et certainement pas la culture « HipHop ».
Qu’est-ce qui te rend optimiste pour le futur du HipHop ?
Internet me rend assez optimiste sur le futur du « HipHop ». Internet sera présent dans tous les foyers d’ici 10 ans et c’est bien là une sérieuse source de culture et d’information qui s’ouvre. Je crois que dès que les médias n’auront plus le monopole (vu que la majorité des médias sont devenus incompétents) sur tout ce qui est musique, films, et autres, ce sera au peuple de faire son propre buzz autour des artistes. Je crois que c’est la la clé de tout en fait. Aujourd’hui les nouvelles vedettes sont des artistes sur Youtube.com et autres, et seulement après les médias s’arrachent l’artiste.
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