Est-ce que les années 1990 ont constitué l’âge d’Or du HipHop ?
Je pense que c’est un faux débat ou en tout cas, un débat sans fin. Quand on écoute le Wu-tang en 1993, ils estiment que l’âge d’or du HipHop, c’est 1986, 1987, 1988. Pour certains, l’âge d’or, c’est le milieu des années 2000. Pour d’autres, l’âge d’Or du HipHop, c’était avant l’arrivée massive de l’industrie du disque et l’émergence de Run DMC en 1983.
Chacun a son âge d’Or, et c’est tant mieux ainsi. Parce que là, les choses sont claires selon moi, c’est que les années 1990 ont constitué la période durant laquelle la culture HipHop avait atteint une certaine maturité, artistique, commerciale, économique, culturelle, politique et sociale.
Et malheureusement, pour nombre d’entre nous, nous n’avions pas saisi l’importance de ce moment, comme nous n’étions pas nécessairement conscient de l’importance de ce que nous étions en train de construire. Portés par cette musique, qui finalement nous invitait à l’ouverture, à l’échange, et l’humilité, nous avons négligé les forces de prédation et destruction qui guettaient nos mots, émotions et actions.
Oui, nous avons failli collectivement dans la construction de murs qui protégeraient davantage nos rêves, aspirations et projets collectifs et les transmettraient aux générations suivantes, dans des meilleures conditions. Il ne s’agit pas d’être nostalgiques, mais de nous dire ceci : nous devons reprendre là où nous étions arrêtés. Et réinventer le futur de cette culture.
On ne peut pas reprocher aux plus jeunes qui n’ont pas connu les années 1990, d’avoir négligé, saboté une culture dont ils n’ont, pour beaucoup, pas connu l’essence et la portée. C’est à nous, acteurs de cette culture, reprendre le contrôle et la direction de cette culture. Les années 1990 nous ont montré la voie.