Shadow Huntaz est un groupe HipHop americain composé de 3 MCs: Breaff (aka Shadow 1), Dream (aka Shadow 2) and Non (aka Shadow 3 or Nongenetic). Remarqué à travers leurs sorties sur le label anglais Skam records, Shadow Huntaz a fait le choix de multiplier les collaborations en France. Le MC Nongenetic explique le parcours du groupe, son style musique et le choix de l’Europe et de la France.
Quelle est ton histoire, celle de Shadow Huntaz, avec le HipHop ?
Je suis dans le HipHop depuis les années 1990, essentiellement dans le rap underground de Los Angeles. En 1998, on a signé dans un label appelé Plug research. Ce label nous a demandé de faire deux morceaux pour eux, et ces morceaux ont été commercialisés en Europe, et ont pas mal marché d’ailleurs. Grâce à cela, on est entré en contact avec des producteurs en Hollande du nom de Funckarma. On a bossé avec eux sur 3 albums. Sinon, récemment on a bossé avec des parisiens, Tha Trickaz. Et musicalement, nous essayons de fusionner encore davantage le HipHop avec le dubstep. En résumé, mon expérience avec le HipHop, c’est faire quelque chose de très différent de ce qui se fait. J’apprécie ce que nous faisons jusqu’à présent et j’aime le HipHop en général.
Qu’est-ce que la culture HipHop t’apporte personnellement ?
Quand j’étais jeune, j’écoutais beaucoup de Rock. Dans le côte Ouest, il n’y avait pas énormément de HipHop, quand j’étais petit, c’était surtout sur la côte Est. Le HipHop est venu lentement chez nous, avec les Run DMC, Dougie Fresh, Slick Rick, etc. C’est là que j’ai accroché. C’est devenu ce que je voulais faire, je me suis reconnu en ces artistes, davantage qu’avec les artistes Rock d’avant. Parce que le HipHop m’a parlé directement. Le HipHop me conforte.
Parle nous des derniers projets de Shadow Huntaz?
Nous avons sorti un single en mars 2012 pour le label Play me records. Il a été produit par les parisiens de Tha Trickaz. C’est une bombe titrée « kill it, fuck it, eat it ». Nous avons un autre titre, (« We love that » avec Senbeï) sorti le 25 septembre dernier , sorti sur un label français, Banzaï Lab. Nous avons également un nouveau morceau présent dans une compilation, en France toujours. Nous essayons de faire encore plus de choses avec des labels en France. Le label anglais SKAM nous a beaucoup aidé, mais nous n’avons plus rien sorti chez eux depuis 2002, 2003. On aimerait recommencer à bosser avec nos gars en Angleterre, mais on ne peut pas non plus être partout et tout faire. Mais dans tous les cas, un big up à Skam records, on leur doit beaucoup.
Quelles sont vos ambitions par rapport à la musique que vous faites ?
Nous essayons de ramener davantage de fans de HipHop dans le Dub Step, et inversement, davantage de fans de Dub Step dans le HipHop.
Actuellement, nous bossons sur un album avec Funckarma, « Into the Vortex », qui sortira dans le courant de l’année 2013. L’objectif de cet album est de rassembler les fans de HipHop avec les fans de la musique électronique, aux Etats-Unis. Parce que chez nous, aux USA, les gens ne s’essaient pas vraiment d’écouter de la musique expérimentale. Les gens, pour la plupart, se contentent d’écouter ce qui passe à la radio…
Comment définirais-tu ton style en quelques mots ?
Je dirai : expérimental, non linéaire, abstrait, éducatif.
Dans le HipHop, on parle souvent de retour aux sources, qu’est-ce que cela signifie pour toi ?
Pour moi, cela veut tout simplement dire, rester la même personne que tu étais quand tu n’étais simplement qu’un fan de HipHop. Il ne faut pas se laisser distraire par tout ce que l’on rencontre, une fois qu’on rentre dans le processus de création et de production dans le HipHop. Il faut rester fidèle aux raisons qui t’ont amené à t’impliquer dans le HipHop en premier lieu.
Quel est ton regard sur l’état du HipHop aujourd’hui ?
Le HipHop, c’est la première musique non générationnelle aux USA. Les parents, comme les enfants écoutent du HipHop. Et ils apprécient des artistes totalement différents. Les plus âgés sont plus sur le style HipHop des années 90, les plus jeunes sur le style plus populaire en ce moment. Et la plupart des gens qui écoutent ce style plus populaire concluent que le HipHop est un truc de gamins, mais c’est parce que ce style est écouté par les gamins. Or, avec le temps, ces gamins évolueront vers un HipHop plus mature. C’est juste un cycle. Il fut un temps où le HipHop n’avait pas beaucoup de substance non plus, c’était juste la fête, prendre du bon temps… Mais le HipHop reste puissant. Il est mondial. On peut critiquer la qualité du HipHop d’aujourd’hui, mais je préfère regarder le côté positif.
Comment se porte la scène HipHop underground à Los Angeles ?
Il y a une dizaine d’années, la plupart des gars de l’underground de Los Angeles sont allés du côté de la bay area (San Francisco, Oakland). Donc, la véritable scène underground de LA est du côté de San Francisco et d’Oakland. Et la scène underground qui est à LA aujourd’hui s’est transformé en une scène de la culture des gangs de la ville. Donc, les gens n’y sont pas nécessairement parce qu’ils aiment la musique mais ils y sont parce qu’ils apprécient davantage l’image… Mais LA reste LA, on revient !
Crois-tu au pouvoir des mots ?
Absolument. Parce que ça marche. Je pense à quelque chose. Je le dis à telle ou telle personne. Et plus j’en parle aux gens, plus il y a de chances que ce que je leur dis se réalise. Je pense à quelque chose et que je ne le partage pas. Il y a de fortes chances qu’il ne se passera rien. Les mots sont dangereux parce qu’ils ont du pouvoir. Il faut faire attention à ce qu’on dit. Il faut être positif dans ce qu’on dit et dire des choses qui vous apporteront quelque chose de positif. Quand tu es négatif, la négativité te rattrapera.