Le groupe rap NWA est-il un groupe du 19ème siècle ? On va finir par se poser la question. Avec tout ce qui se dit sur ce groupe ces dernières semaines, c’est comme si ceux qui les ont vu arriver, ceux qui étaient là quand ils sont arrivés, ceux qui étaient là avant eux ne sont plus de ce monde depuis très très longtemps… Ce groupe est aujourd’hui présenté comme le groupe le plus important ou comme le meilleur groupe que le rap ait connu.
C’est au mieux un abus de langage, au pire un mépris de l’histoire du groupe et de la culture HipHop. Parce que le NWA qui est présenté dans les médias, n’est pas le NWA qui a existé. Oui, il y a eu « F+++ The Police », oui il y a eu « express yourself », et alors ? NWA n’a jamais été un groupe majeur dans la culture HipHop de la fin des années 80. Leur succès, dans les années 1990, a été propulsé non pas par le monde HipHop, d’alors, à savoir les fans, les passionnés, les acteurs de cette culture (qui pour beaucoup ne les prenaient pas au sérieux, ou se moquaient d’eux et de leur manque de talent) mais par les industries du disque et des médias qui haissaient le rap et les noirs pour faire simple.
Le procédé est toujours le même. Le rap au début des années 90, devenait une puissance commerciale incontournable et une voix politique grandissante. Les médias et l’industrie ne pouvaient plus faire comme s’il n’existait pas, alors ils ont opté pour ce qu’ils savent faire de mieux : Diviser, pour régner et détruire. Il fallait pour eux créer un environnement et une atmosphère dans lesquels ils pourraient tirer profit de ce genre musical tout en facilitant la destruction de ses voix, de ses acteurs et des messages les plus influents.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’émergence de NWA, une émergence en tant que réponse de l’industrie du disque (et des médias), aux Public Enemy, Boogie Down productions, Brand Nubian, Poor Righteous teachers qui représentaient la voix majoritaire des noirs dans le HipHop et de la conscience noire mais aussi la voix du HipHop, telle qu’on le concevait à l’époque.
NWA a été un groupe pionnier, certes, mais pas vraiment du gangsta rap, mais plutôt de ce cancer anti-noir qui s’est développé dans l’industrie du disque dans les années 90. Et aujourd’hui, on en voit, on pourrait même dire, on en subit les conséquences. Mais regardez, ces membres comme Dr Dré sont récompensés par ceux là même qui mènent la guerre contre les noirs sur le sol américain. Ice Cube aussi dans une moindre mesure, qui a été plus ou moins contraint à baisser le ton voire même à changer de ton, par rapport à son excellent message militant des années 1990.