Reverie est une MC originaire de Los Angeles en Californie. A 24 ans, elle a déjà réalisé 5 projets majeurs dont deux albums, dont le dernier « Russian Roulette ». C’est justement à l’occasion de la tournée « Russian Roulette tour », en France, que La Voix du HipHop est allé à sa découverte. Interview.
Quelles sont tes influences musicales et qu’est-ce qui t’a décidé à être une MC ?
J’ai grandi en écoutant beaucoup de « gangsta rap », et essentiellement, de la musique de la West Coast : Eazy E, Tupac, Snoop Dogg, Cypress Hill.. Et ensuite j’ai écouté des artistes comme Nelly, 50 cent. Au collège, j’ai commencé à écouter Murs, Living Legends, Atmosphere, Immortal Technique. Voilà en quelque sorte, mes influences musicales.
Je n’ai jamais vraiment décidé de devenir une MC. C’est juste arrivé. J’ai commencé à faire du freestyle très très jeune. Je faisais juste comme mes frères. Au lycée, je freestylais avec mes amis et j’écrivais des poèmes, beaucoup de poèmes. Et les choses ont évolué. Mais tout cela s’est fait assez naturellement.
Ton producteur, c’est Louden, ton frère. Pourquoi et comment vous avez décidé de bosser ensemble et comment travailles-tu avec lui ?
Mon frère et moi avions pas mal d’embrouille à Los Angeles. Alors ma mère nous a envoyé dans l’Etat de Washington, qui se trouve à deux Etats au Nord de la Californie. J’avais 19 ans et lui 17. Là-bas, nous n’avions pas d’amis, nous n’avions rien à faire. Mon père nous avait acheté un Mbox. C’est comme cela que nous avons commencé à enregistrer des chansons. On touchait à tout, on faisait avec les moyens du bord, les toilettes étaient devenues mon booth, le micro pendait au dessus de ma tête, je posais mes pieds sur un tas de livres, etc. Et 5 ans, plus tard, nous sommes en tournée en Europe.
Comment est la scène HipHop underground de LA aujourd’hui?
La scène HipHop de Los Angeles aujourd’hui est en pleine ébullition. Et il est très difficile aujourd’hui de faire la distinction entre la scène underground et le mainstream (grand public), parce que récemment, un certain nombre d’artistes de l’underground sont devenus des artistes grand public. Comme Kendrick Lamar, SchoolBoy Q, Ab-Soul… C’est vraiment bien. La scène HipHop underground de LA est très talentueuse. Nous ne voulons pas faire ni ressembler aux générations précédentes. Nous voulons vraiment être nous-mêmes. Nous sommes solidaires. Nous collaborons beaucoup entre nous. Je suis sincèrement fière d’en faire partie.
Ton site web est purement business. Tu vends tes disques et du merchandising. Pas de bio, pas de musique, pas de vidéos. En tant qu’artiste indépendante, quels sont le rôle et l’importance d’internet dans le développement de ta carrière ?
Mon site web n’est vraiment pas bon. Je n’y connais rien dans ce domaine. C’est en fait mon frère qui l’a créé. Et il a l’intention de le mettre à jour et donc de l’améliorer.
Internet est cependant très important pour n’importe quel artiste. Et de manière générale, pour n’importe quel business. Si ton business n’a pas de site web, il y a de fortes chances que les gens ne feront pas confiance en ton business, tout simplement. Personnellement, j’aime bien chercher des restaurants, et quand je vois qu’ils n’ont pas de site web, je trouve ça étrange et me dis qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Aujourd’hui, c’est crucial pour un artiste d’avoir un site web, mais aussi un compte Facebook, Twitter, Tumblr, Instagram, etc… Cela fait parti du job maintenant. Il y a tellement de musiques disponibles aujourd’hui, le marché est totalement saturé. Il devient très difficile de sortir du lot. Et les réseaux sociaux sont un excellent moyen d’y parvenir et de marquer sa différence. C’est essentiel pour la carrière d’un artiste.
Tu sors un projet chaque année depuis tes 19 ans, comment tu évalues ta progression et ton développement en tant qu’artiste ?
La pratique mène à la perfection. Chaque année, j’écris une centaine de chansons environ, j’en sorti en trentaine. Je pense que plus je pratique mon art, plus je m’améliore. Cela reste valable dans tout, et partout dans le monde.
Chaque année, j’entends et perçois ma musique différemment. Je suis très critique envers moi. Je compare aussi par moment, ma musique à celle des autres, non pas pour faire comme les autres, mais surtout pour voir ma marge de progression et me positionner par rapport aux autres. J’aime savoir comment la musique évolue. Il y a beaucoup de nouveaux rappeurs qui émergent. Les choses sont en train de changer. Il faut être à la page et complète, maîtriser le storytelling, le vocabulaire, le concept, le flow, les différents genres de beats.
Ton dernier projet, l’album, Russian Roulette est sorti en mai 2014. De quoi es-tu la plus fière à propos de cet album ?
Mmmm… Juste une chose? Je dirai la qualité de l’album. Je pense que tout y est, les beats, les lyrics, le son. Je suis fière du travail que nous avons accompli sur ce projet, qui est brillant.
Quels sont tes challenges et objectifs en tant qu’artiste pour les années à venir ?
Je veux juste continuer de faire la même chose que je fais maintenant au final. Je n’ai pas vraiment de plan de carrière établi. Parce que j’ai constaté que chaque fois que je faisais des plans, je me retrouvais finalement déçue parce que mes attentes que j’avais n’étaient pas au rendez-vous.
C’est la raison pour laquelle je préfère me concentrer sur le moment présent, faire de mieux que je puisse avec ce que j’ai pour le moment, et avancer et progresser de cette manière.
Je veux faire la meilleure musique que je puisse faire, travailler le plus dur possible, toucher le plus de monde possible. Voilà mon plan, en tant qu’artiste. Jusqu’à présent, ça marche. Alors, je continue.